AUTOUR DU CONCEPT DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME !
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LA FRANCE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ?
Le président de la République a placé l’intervention en Afghanistan sous le signe de la « lutte contre le terrorisme ».
Devant les soldats français engagés dans ce pays, il a déclaré : « Ici se joue une part de la liberté du monde ; ici se mène le combat contre le terrorisme. «
Si les attentats qui frappent les civils dans ce pays indignent nos consciences, pour autant il n’est pas certain que les troupes de l’OTAN défendent la paix du monde, ni aident à lutter contre le terrorisme.
Comme le rappelait Henri Emmanuelli dans le journal le Monde du 26/08/08 , « La question est d’abord de savoir ce que l’on va faire en Afghanistan ».
A l’heure ou les Talibans ont pris possession de régions entières et sont à la porte de Kaboul, on peut effectivement s’interroger sur le sens et l’efficacité de cette intervention.
Le député des Landes ajoute "c’est une erreur grave de croire qu’on peut imposer la démocratie par la force. Le propre d’une démocratie est d’être l’expression d’une volonté majoritaire".
Et c’est bien là la question essentielle, les troupes de l’OTAN apparaissent aux yeux des populations afghanes non comme une instrument de libération, mais comme une force d’occupation qui multiplie les bavures sanglantes contre les civils.
Si le drame de la mort de dix soldats français dans une embuscade appelle toute notre compassion, l’émotion ne saurait être unilatérale.
Le 13 juillet, les bombes de l’OTAN explosaient sur un mariage faisant 52 morts, dont une majorité de femmes et d’enfants. Vendredi 22 août la coalition récidivait ; 90 civils, donc 15 femmes et 60 enfants étaient massacrés par les bombes à Kaboul Kai Eide.
La mort de ces femmes, ces enfants, ces hommes, ne rencontre guère d’écho dans les déclarations officielles ou les grand médias, que vaut en effet la vie d’une victime « collatérale » pour l’OTAN ?.
Mais au cœur des populations afghanes ainsi martyrisées les bombes « libératrices » entretiennent les ressentiments et transforment les zones concernées en pépinière pour les Talibans.
C’est ce que mentionne Henri Emmanuelli dans son interview « Quand on nous agite la menace des risques d’attentats sur le territoire français si les talibans reprenaient le pouvoir, c’est hélas l’inverse qui est vraisemblable. La présence militaire française en Afghanistan risque de susciter des vocations »
Et il ajoute donc " La lutte contre le terrorisme est un concept idéologique inventé par George Bush, dont l’objectif est indéterminé et qui relève de l’esprit des croisades. L’axe du bien contre le mal, qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis affligé de voir que la France verse dans cette aventure. Il semblerait que le néo conservatisme américain ait réussi à franchir l’Atlantique".
Le doute d’Henri Emmanuelli concernant l’offensive des néo-conservateurs est aussi le notre. Le concept de « lutte contre le terrorisme » ne se résume-t’il pas bien souvent à une lutte contre « un seul terrorisme » ; celui des groupes islamistes, comme si la terreur aveugle n’était pas une réalité beaucoup plus complexe, où s’entremêlent la violence des groupes armés, des mouvements nationalistes, celles des États, voire des simples maffieux.