CHRONIQUE DE LA XENOPHOBIE D’ETAT - PAU
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Le père en Azebaidjan la mère en Armenie les enfants
coupes en deux
Le père expulsé en Azerbaïdjan, la mère en Arménie, les enfants coupés en deux ?
M. Ali Hassanov et son épouse Thermine Martirossian, jeune couple de moins de trente ans, ont cherché en France l’asile qu’aucun pays proche du leur ne leur a offert : Victimes d’un conflit
ethnico-religieux (il est azerbaïdjanais, elle est arménienne), ils ont traversé l’Arménie, l’Ukraine, la Russie, cherchant un endroit où élever leur petite famille, leur fille Anna et leur fils Gagik. Comme ils étaient indésirables en ces lieux, ils ont choisi la France qui leur a paru comme un pays accueillant et protecteur. Ce qui était vrai il y a quelques années ne l’était déjà plus lorsqu’ils sont arrivés en février 2005.
La préfecture de Pau connaît bien cette famille : déjà en juin 2006,
alors que l’OFPRA et la CRR avaient refusé leur demande d’asile, une demande de régularisation grâce à la fameuse circulaire Sarkozy avait été déposée…et refusée ! Dans le même temps la famille demandait un réexamen de leurs dossiers auprès de ce qui est devenu la commission nationale du droit d’asile. A ce jour, presque deux ans plus tard, la famille est toujours dans l’attente d’une convocation.
Ce mercredi matin 24 avril, Anna, 8 ans, et Gagik, 5 ans, dormaient paisiblement. À 6h du matin, la police aux frontières est venue les arrêter, avec leurs parents, dans la chambre d’hôtel inconfortable qu’ils se partagent depuis la fin du mois de janvier, date à laquelle ils sont revenus du centre de rétention de Nîmes.
Car il y a à peine trois mois, déjà, le 22 janvier, la préfecture de Pau a voulu faire appliquer l’arrêté de reconduite à la frontière qu’elle avait pris à leur encontre : à 6 heures du matin, la police arrête la famille à son domicile, la place en garde à vue, l’enferme dans des cellules, l’envoie dans un long voyage à Nîmes (500 km, 5h de route), sans guère d’égard pour Thermine, enceinte de trois mois passés. Les arrêtés de reconduite à la frontière, confirmés par le tribunal administratif de Pau, prévoient de renvoyer le père en Azerbaïdjan, la mère en Arménie. La destination des enfants sera sans doute jouée sur un coup de dé, sur le tarmac ? A peine quatre jours plus tard, le juge de la détention et des libertés, ayant considéré l
’arrestation de lafamille irrégulière et déloyale, les fait libérer ! Les voilà de retour à Pau, indésirables, comme en Azerbaïdjan, comme en Arménie, comme en Ukraine, comme en Russie. Une forte bataille de RESF contre la préfecture leur permet d’obtenir un logement d’urgence. Deux chambres d’hôtel.
Alors qu’ils se reconstruisaient, que leur angoisse commençait à s’apaiser, aujourd’hui le préfet envoie de nouveau la police : à 6h du matin, l’heure des arrestations des familles endormies. Même triste parcours, le commissariat, la garde à vue, le centre de rétention. Toulouse cette fois. Le juge de la détention et des libertés aura-t-il la même position, vis-à-vis de ces étrangers ?
Mais trois mois après le premier internement, le ventre de la maman s’est arrondi, la petite fille attendue grandit, encore protégée pour quelques semaines. La maman est fatiguée, déprimée, son état inquiète tous ceux qui la connaissent. Inquiète et révolte ! Dans quel pays vivons-nous, pour qu’avant même sa naissance, un bébé soit mis en danger, volontairement, par une politique inhumaine, injustifiable, son frère et sa sœur bousculés comme ils le sont ? Dans quel pays vivons-nous pour que des enfants soient terrorisés, brutalement réveillés à 6 heures du matin ? Dans quel pays vivons-nous, incapable d’accueillir deux jeunes parents qui cherchent asile et protection ?